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Projets de parcs éoliens : les terres agricoles doivent servir à l'agriculture !

Publié le 24 mars 2023 - Écrit par Fédération de l’UPA de la Montérégie

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  • Actualités
  • Textes d’opinion

Ce n’est pas un secret pour personne, les terres agricoles de la Montérégie font l’objet de toutes les convoitises. À chaque année, notre Fédération doit étudier près de 300 demandes pour des exclusions et des usages autres qu’agricoles. 

Certaines de ces demandes exigent une attention particulière. C’est le cas notamment des projets d’implantation de parcs éoliens. Ceux-ci ont toujours nécessité un traitement délicat de la part de notre Fédération, car le processus d’appel d’offre mis en place par le gouvernement sème malheureusement trop souvent les graines de la discorde entre nos concitoyens, et parfois même, entre nos producteurs. 

Les producteurs agricoles approchés par les promoteurs de parcs éoliens ont de bonnes raisons de trouver l’offre intéressante. Les redevances proposées ne sont certainement pas dérisoires. De plus, les promoteurs bonifient parfois leur offre en promettant, par exemple, une réfection de chemins de ferme existants, ou encore un branchement au réseau triphasé. Dans ces circonstances, il peut être difficile de faire la sourde oreille à ces offres, d’autant plus qu’en cas de refus, il y a de bonnes chances que le voisin en profite pour saisir la balle au rebond. 

Pourtant, les expériences passées nous ont enseigné que tout n’est pas toujours rose dans le développement de ces projets. Parfois, un fort vent d’opposition se lève dans la communauté, semant ainsi la division entre les partisans et les opposants du projet. Ces controverses laissent parfois des cicatrices profondes qui ne guérissent jamais complètement. 

Notre Fédération laisse à d’autres le loisir de débattre des vices et vertus de ces projets. Le prix d’achat et de revente de l’électricité par Hydro-Québec, l’effet sur les oiseaux et la faune environnante, les infrasons produits par les pales, la nécessaire transition vers une production d’énergie verte… les considérations ne manquent pas pour quiconque voudrait militer en faveur ou en opposition au développement de la filière éolienne au Québec, et plus particulièrement en Montérégie. Le travail de notre Fédération est de bien évaluer les impacts causés par ces parcs éoliens sur la préservation de notre territoire et de nos activités agricoles. 

Nous n’avons jamais été indifférents aux considérations des producteurs qui désirent installer des éoliennes sur leurs terres. Ceux-ci sont bien intentionnés et prennent une décision qui allie développement des affaires et participation à un projet collectif. Cependant, ces producteurs doivent comprendre qu’ils deviennent les promoteurs d’un projet industriel en zone agricole. Conséquemment, ils ne peuvent compter sur leur Union pour les aider à justifier le projet, à les défendre devant une possible opposition citoyenne, ou encore à les soutenir individuellement en cas de litige à propos du contenu de leur contrat avec la compagnie. 

Au contraire, notre Fédération traite ces dossiers comme n’importe quelle autre demande de projet industriel en zone agricole : la première étape consiste à évaluer si le projet ne peut pas être mis en place ailleurs que sur les meilleures terres du Québec. À cet effet, force est de constater que 98,2 % du territoire québécois n’est pas de vocation agricole. Dans un contexte où les Québécois prennent de plus en plus conscience de l’importance d’assurer notre sécurité alimentaire et où les changements climatiques mettent en péril la productivité agricole mondiale, sacrifier une partie des terres agricoles possédant les meilleures caractéristiques agronomiques au Québec afin d’accueillir des éoliennes pouvant être installées à peu près partout ailleurs est très mal avisé. 

Les promoteurs de toutes sortes auront toujours une bonne raison pour tenter de développer leurs projets en zone agricole. Cependant, ces intentions ne sont pas toujours conformes avec l’esprit de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. Surtout, elles ne sont pas compatibles avec une vision à très long terme du développement et de la pérennité de notre agriculture. Que ce soit pour les projets éoliens comme pour tout autre projet, le message de nos producteurs agricoles doit être très clair: les terres agricoles doivent servir à l’agriculture! 

Jérémie Letellier 
Président