Alors qu’en août dernier, l’Union des producteurs agricoles diffusait des prévisions inquiétantes d’Agriculture et Agroalimentaire Canada sur le revenu net des fermes au Québec, des enjeux de taille étaient au cœur des discussions. Parmi ceux-ci, notons principalement les dossiers du rehaussement substantiel des budgets consacrés à l’agriculture, du soutien gouvernemental direct à la transition écologique du secteur et du remboursement impératif des coûts associés au système de la Bourse du carbone.
« Le revenu net des entreprises agricoles a considérablement diminué, passant même à des prévisions négatives pour 2025. On exige du secteur agricole des investissements, en lien avec la transition écologique, qui ne sont pas rentables et qu’on n’impose pas dans d’autres juridictions. Cette situation, très préoccupante pour l’avenir de notre secteur, ne peut perdurer, sans quoi l’autonomie alimentaire de notre province sera bientôt en péril. Nous avons interpellé le gouvernement à cet effet à plusieurs reprises au cours des dernières années. Mais malgré nos demandes, les mesures annoncées, il y a plus d’un an par le gouvernement québécois et le renouvellement de la Politique bioalimentaire en laquelle nous avions espoir, ne répondent pas aux besoins du secteur agricole » d’affirmer monsieur Jérémie Letellier, président régional de la Fédération de l’UPA de la Montérégie.
En effet, les entreprises agricoles d’ici sont mises à mal depuis plusieurs années par le contexte économique, qui s’est détérioré encore davantage depuis les dernières élections américaines et les tarifs douaniers mis en place. Sans compter qu’elles ne bénéficient pas du soutien nécessaire à la transition écologique imposée par les gouvernements dans le contexte climatique actuel.
« Moins de 4% des fermes du Québec ont bénéficié d’un soutien du Fonds d’électrification et de changements climatiques du Québec depuis 2013. De l’autre côté, on exige aux productrices et aux producteurs des changements de pratiques et on leur impose des règlementations beaucoup plus contraignantes qu’ailleurs en Amérique du Nord. En soi, de vouloir agir dans le cadre de l’urgence climatique est une bonne chose, mais le secteur agricole ne peut pas être laissé à lui-même pour ce faire, le gouvernement doit mettre l’épaule à la roue » de poursuivre monsieur Letellier.
C’est devant ce constat que le président régional a réitéré sa demande au gouvernement quant au remboursement des sommes versées dans le cadre du système de plafonnement et d’échange des émissions de gaz à effet de serre (SPEDE). Communément appelé le système de la Bourse du carbone, il nuit à la compétitivité des fermes d’ici, rajoutant un obstacle de plus au secteur agricole dans un contexte difficile.
« Alors que le SPEDE vise à faire payer les grands émetteurs pour leurs émissions de gaz à effet de serre et à rediriger ces sommes pour appuyer la transition écologique, lesdits émetteurs refilent directement la facture aux consommateurs en aval, notamment aux productrices et producteurs agricoles. Ainsi, sur les factures de propane, de diesel ou de gaz naturel, nos entreprises sont contraintes à payer une « taxe carbone » imposée par nos fournisseurs. Dans un secteur comme l’agriculture, où aucune alternative viable n’existe encore pour remplacer les carburants fossiles, cette politique devient tout simplement un fardeau injustifié qui nuit, du même coup, à la compétitivité et à la pérennité des entreprises agricoles québécoises. Nous demandons donc au gouvernement de rembourser aux productrices et aux producteurs les sommes versées dans le cadre du SPEDE, et de procéder au remboursement automatique de toute somme facturée dans le futur » d’expliquer le président régional.
Participant également à l’assemblée générale annuelle, le premier vice-président général de l’UPA, Paul Doyon, a insisté sur l’importance d’arrimer le soutien actuel aux besoins véritables du milieu.
« Les gouvernements à travers le monde consacrent en moyenne 2 % de leurs dépenses à leur agriculture, alors que les soutiens québécois et canadien ne dépassent toujours pas 1 %. Il est impératif de rectifier le tir. Investir en agriculture et en foresterie, c’est aussi miser sur des secteurs d’avenir qui permettent de créer des milliers d’emplois en région, de développer le territoire, d’innover et de nourrir durablement les consommateurs d’ici et d’ailleurs. Un appui indéfectible des gouvernements est nécessaire pour assurer le plein développement de ces secteurs stratégiques », a déclaré M. Doyon.
L’assemblée s’est déroulée sous le thème Cultiver la solidarité, récolter l’autonomie alimentaire, un thème plus qu’à propos en regard des enjeux qui ont retenu l’attention. Ce fut aussi l’occasion de présenter le rapport d’activités de l’organisation; un exercice qui a mis en lumière la multiplication des dossiers de la Fédération, l’ampleur de son action syndicale, l’importance de son intervention pour la protection du territoire agricole montérégien et l’étendue de ses initiatives en agroenvironnement. Le document est d’ailleurs disponible sur son site Internet.
La Fédération de l’UPA de la Montérégie représente un territoire vaste où quelque 7 087 fermes génèrent 30% du produit intérieur brut agricole québécois et 25% des emplois agricoles de la province. L’organisation compte 33 administrateurs regroupant les représentants de 15 syndicats locaux et 23 syndicats spécialisés.
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Source et information :
Laure Rodriguez-Vigouroux
Directrice adjointe Communications, événementiel et relations publiques
Fédération de l’UPA de la Montérégie
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